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Têtes de zinc

Clément Maraud


Clément Maraud, Têtes de Zinc


Présentation

Au coin du zinc, on croise Paul, Gus, Benoît, Julot, Chico, Alice, Martine..., d'autres encore, leur nom décousu au fil d'une vie de débine, voyageurs sans bagages qui jettent l'ancre dans des rades de hasard dont la clientèle constitue, bien souvent, leur seule famille.

Même si la suite de récits de Clément Maraud n'offre aucune unité de temps ni de lieu, le comptoir du café sert d'appui, voire d'asile à ces divers personnages dans la solitude ultime qui les réunit. Ivrognes et mendiants, pochards métaphysiques, miséreux, rêveurs, exilés, vieillards oubliés par l'époque ne reçoivent en partage que ce qu'ils s'inventent : des secrets incertains, des jours meilleurs, des ivresses exquises, des jeux sans hasard, des rôles abandonnés, des contes extravagants...

Ces vies en panne sèche confondent leurs caractères divers dans la conscience d'un même malheur, catalogue de destinées quelconques rassemblant, à l'envers du tic romanesque, des sujets sans histoire, appartenant à ce côté du monde si commun qu'il arrive qu'on y vive sans y penser.

Voici réunis en 13 récits, dans des décors à la fois proches et différents, des personnages hauts en couleur, sensibles et discrets que nous croisons souvent sans bien les voir, un raccourci d'humanité.

Extrait

1
Les derniers temps de Paul


C'est un des caractères de cette ville : on s'y sent si étranger partout qu'on peut y vivre en dix endroits successivement sans avoir à déménager. Ainsi le personnage de Paul était-il achevé quand il parut sur cette rive où il s'imposa rapidement dans le rôle classique, si difficile, du pilier de comptoir.
On finit toujours par ressembler à quelqu'un. Paul évoquait irrésistiblement le dernier Verlaine. Les ans avaient ramené le désordre de ses cheveux blancs un peu en arrière au sommet de l'arc régulier de son crâne imposant, ils se mêlaient sur ses joues, dans son cou, à une barbe puissante dont l'entretien suscitait quelques doutes chez les esprits chagrins.
Or il n'est que deux manières de conduire une belle barbe : peignée ou broussaillante. Paul avait adopté la broussaillante. Son poil ondulait librement ; sa tension perceptible, on pouvait la qualifier de barbe rythmée !
Sa silhouette datait : lourd manteau de drap grisâtre, veste -ombre, chemise foncée, pantalon trop long, d'où un effet zazou de tire-bouchon, gros souliers de cuir épais teints en noir une fois pour toutes, ce qui évitait l'usage, corrosif à la longue, de cirage. De bonne taille, ses épaules rondes n'effaçant pas une carrure solide, il portait sa petite soixantaine avec une sûreté détachée, sans trace de scepticisme. Selon la saison, il pouvait abandonner son écharpe, mais il fallait atteindre la grande canicule pour qu'il parût sans son manteau.
De ce côté de la rivière, Paul s'établit d'abord dans un bar à vins traditionnel qui ouvrait sa porte à midi précis. Il instaura d'emblée, après une première inspection des lieu,. longue et positive, ce rituel de se trouver là, surveillant du coin de l'œil le volet de fer afin de franchir chaque jour le premier le seuil de l'établissement. Cette affirmation de sa préséance n'indiquait pas un commencement de maniaquerie car toute-les places lui convenaient au comptoir, même s'il en choisissait d'abord l'une ou l'autre extrémité, mais une façon de préciser le caractère majeur de son entrée, qui ne pouvait ainsi être confondue avec celle d'un quelconque consommateur. En assurant l'ouverture avec une constante rigueur, il participait au fonctionnement interne de la taverne sur le même pied que le patron et les deux garçons.
Cette exactitude fut vite récompensée. Quelques clients réguliers prirent l'habitude de le saluer, d'échanger quelques mots à l'heure de l'apéritif, sûrs de le retrouver un moment plus tard pour le café. À cette heure-là, Paul en était déjà aux alcools, après avoir déjeuné d'une grande assiette de charcuteries à l'ancienne. [...] (p. 5-6)

Table

  1. Les derniers temps de Paul
  2. Panne sèche
  3. Le banjo de Julot
  4. Ivresses de Chico
  5. Le mauvais aveugle
  6. Ivrognes et mendiants
  7. La manière de Gus
  8. Le secret du vin
  9. Une sainte au café
  10. À plus soif
  11. Un couple manqué
  12. La fin de Benoît
  13. Premier fantôme au sortir du rêve
L'auteur

Correcteur d'imprimerie, Clément Maraud, d'origine paysanne, est né en 1949 dans les marais d'Aunis. Il a déjà publié Le vampire du square Courteline (L'Insomniaque) et Sans lendemain (La Table ronde)

Liens

Site web de l'auteur : Tirage de tête

Site web de l'éditeur : www.leseditionsdeparis.com

mise en ligne : 15/10/08

Références
Titre : Têtes de zinc
Auteur : Clément Maraud
Editeur : Les Editions de Paris
Parution : 15/10/2008
Nombre de pages : 208
Format : Broché sous couverture quadri à rabats - 13,50 x 23 cm
Prix euros : 15 €
ISBN 10 : 2846211167 ISBN 13 : 978-2-84621-116-1


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