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Colloque pluridisciplinaire

LE VIN
dans ses Oeuvres


17, 18, 19 mai 2001

Lycée Viticole de Libourne-Montagne

Lycée Agricole de Libourne-Montagne
Château Grand Baril




Problématique scientifique et synthèse

Les 17, 18 et 19 mai 2001 s'est tenu au Lycée Viticole de Libourne-Montagne un colloque pluridisciplinaire sur les imaginaires du vin et plus précisément sur "le vin dans ses oeuvres". Universitaires, écrivains, artistes et professionnels se sont réunis pour envisager dans une perspective pluridisciplinaire les images et représentations littéraires, artistiques et socioculturelles de la vigne et du vin. Après un premier colloque de ce type organisé en 1981 à Dijon par Max Milner (L'Imaginaire du vin, Editions Jeanne Laffitte, Marseille, (1983) 1989), il s'agissait de faire le point sur ce qu'il nous reste à apprendre encore des raisons pour lesquelles le vin sollicite tellement notre imagination et constitue indéniablement un facteur de civilisation. Telle est la fécondité culturelle du vin qu'elle mobilise tout le savoir et le travail humain : lexicologie, littérature, peinture, musique, architecture, sociologie, histoire, géographie, autant de domaines qu'il aura fallu parcourir durant ces trois jours pour tenter d'appréhender dans leur pluralité les imaginaires du vin.
Plusieurs conférences ont abordé le thème du vin dans la littérature, depuis la poésie des soufis (qui pose la question du vin dans la religion musulmane), le théâtre de Calderón où l'on retrouve l'association chrétienne du pain et du vin, en passant par des textes en apparence plus légers comme ceux de Casanova (le vin peut aussi véhiculer la philosophie des Lumières!) ou encore l'œuvre de Lawrence Durrell et sa fascination pour le monde méditerranéen.
Des spécialistes éminents ont évoqué le vin dans les arts. De l'antiquité à nos jours, des vases grecs à l'art moderne, nous constatons la permanence du vin comme thématique picturale. C'est par exemple toute la symbolique sociale et mythique des cycles festifs que l'on retrouve dans les œuvres de Jérôme Bosch et Peter Bruegel l'Ancien. Au 18e siècle, le thème bachique envahit la musique et entre notamment dans le répertoire de l'opéra (Platée de Rameau). Les enjeux sociaux et esthétiques, la place accordée à la mythologie dans cette réunion des plaisirs furent étudiés pour mettre en évidence des mutations qui traversent le siècle. Cette inscription du vin dans l'art se retrouve dans l'architecture et le paysage. Des mascarons du Bordeaux des Chartrons aux "cathédrales" hyper modernes du vin, en passant par l'architecture intimiste des patios de Montevideo, les feuilles de vigne et les grappes de raisin inspirent les créateurs et ressourcent la mémoire des écrivains.
La mémoire du vin passe par les sensations, et les hommes tentent de mémoriser celles-ci par les mots. Des approches lexicologiques, ethnographiques et sociales ont mis en évidence, précisément, ce que les mots nous disent du rapport de l'homme au vin. Dans les textes du Haut Moyen Age irlandais le vin est à la fois révélateur de certaines mentalités et rituels et de toute une activité commerciale entre les îles du Nord et le monde romanisé de la Gaule franque. En France, au 16e siècle, le motif de la vigne et du vin révèle l'invention d'une langue et d'une littérature qui traduit une certaine conception du monde. Economiquement, culturellement et politiquement, le vin est également intimement lié à l'invention de la gastronomie française comme résultat d'une triple révolution qui annonce celle de 1789. Au premier plan des formes culturelles et sociales du vin on trouve aussi, naturellement, les formes de la fête : banquet platonicien, fêtes dionysiaques revues et corrigées notamment par Rabelais. A partir d'une lecture des textes littéraires (Rabelais) et philosophiques (Platon) qui décrivent des banquets populaires ou philosophiques, une table ronde nous a permis de débattre notamment des rapports entre le vin, le sexe et le genre.
Dans des traités d'agronomie comme ceux de Columelle (écrivain latin du 1er siècle) ou d' Olivier de Serres (1600) qui sont de véritables œuvres littéraires et que l'on relit avec profit et plaisir aujourd'hui encore, sont consignées les règles d'un art qui sans doute ne doit pas tout à la nature et à la géologie. Le vin expression de la terre, certes, mais la notion de terroir, même présentée avec les outils modernes du multimédia, s'est révélée une notion propice à de fructueuses polémiques dans la table ronde de conclusion du colloque.

Un événement culturel

Un tel colloque n'avait jamais été organisé dans le bordelais et encore moins dans le cadre d'un lycée viticole. Au-delà du rayonnement national que sa grande tenue scientifique devait lui donner, le pari des organisateurs était de faire de ce colloque un véritable événement culturel en milieu rural et scolaire. Il a été partagé avec tous les amateurs de vin, d'art et de littérature, dans un esprit de convivialité auquel nous invitait le thème qui nous rassemblait. On souhaitait effectivement redonner au mot "colloque" sa signification originelle, celle du banquet où les mots et les sens se répondent. C'est notamment le sens des hors-d'œuvre ou intermèdes gastronomiques, bachiques et culturels de cette manifestation.
C'est en étroite collaboration avec l'association Arts et Regards, qui a inscrit le colloque dans le cadre de la manifestation "Paroles en Bouche", et le Lycée Viticole de Libourne Montagne que ce pari pouvait être atteint :
-L'exposition "la vigne et le vin" : du 10 au 18 mai, les oeuvres récentes d'Alain Laborde ont été exposées dans les chais de l'exploitation et dans les locaux du lycée, accessibles aux étudiants, au personnel et aux visiteurs. Présent durant tout le colloque, l'artiste a pu répondre à toutes les questions sur son travail. Dans le cadre de "Paroles en Bouche", l'exposition a connu un prolongement à Saint-Emilion et au Conseil Régional.
-Des écrivains de renommée internationale ont participé au colloque, notamment : Florence Delay, de l'Académie Française, Jean Echenoz, Prix Goncourt 99, Jean Marie Laclavetine, Prix Goncourt Lycéens 99. Florence Delay a concouru à la qualité scientifique par sa conférence et ses interventions, Jean Echenoz et Jean Marie Laclavetine ont offert une lecture de leurs textes en présence d'un large public.

Les retombées pédagogiques

Elles ont été moins importantes qu'on ne pouvait l'espérer au vu des possibilités offertes mais restent malgré tout positives :
-Des rencontres entre Jean-Marie Laclavetine et les élèves ont été organisées : en février 2001, par les professeurs d'éducation socioculturelle autour des nouvelles "Le Rouge et le Blanc", au moment du colloque par un professeur de français autour du Goncourt des Lycéens 99 "Première ligne" dans le cadre de la question au programme "lire, écrire, publier".
-Des étudiants de BTS ont assisté avec leur professeur à plusieurs conférences. Préalablement préparés, ils ont été réceptifs à un discours qui ne les a pas déroutés outre mesure ; bien au contraire, les échos qui ont pu nous parvenir laissent entendre qu'ils y ont trouvé de quoi s'enrichir personnellement et professionnellement.
-De leur côté, les participants au colloque ont pu apprécier le travail réalisé par les acteurs de la vie culturelle lycéenne : Jacques Méhat-Martinerie, professeur d'ESC, a présenté un montage vidéo de "Souffle d'un vin de folie", spectacle créé au lycée de Libourne-Montagne le 5 avril 2001 avec le soutien du CRARC Aquitaine par des élèves de Bac Pro dans le cadre de la résidence d'Artistes assurée par la Compagnie Fracas et les sculpteurs Michel Lecoeur et Zoé Goetghelucket.
-L'affiche du colloque et les cartons d'invitation ont donné lieu à une création originale par les étudiants d'action Culturelle et Médiation de l'IUT B Université Michel de Montaigne Bordeaux III.

Une audience globalement positive

Le public visé était constitué d'universitaires, de professionnels, d'étudiants, de professeurs, d'amateurs de vin, d'art et de littérature. Environ 70 personnes ont assisté aux conférences dont une classe de BTS et dix membres du personnel du lycée viticole.
Les moyens publicitaires mis en oeuvres ayant contribué à faire largement connaître cet événement, on pouvait espérer un nombre plus important d'auditeurs. Cela dit, le bilan reste honorable pour une manifestation dont l'appellation "colloque pluridisciplinaire", qui n'était peut-être pas la meilleure, a sans doute rebuté certains.
Sachant que l'accès était libre et gratuit pour les élèves et personnels des lycées viticoles, on peut regretter que la participation de cette catégorie de public, notamment sur place, n'ait pas été plus importante. Il existait de nombreuses possibilités d'applications pédagogiques en collaboration avec les enseignants qui n'ont pas été exploitées. Si une autre manifestation de ce type devait avoir lieu, il faudrait sans doute réfléchir à la manière d'augmenter l'implication de la communauté éducative à la fois en terme de participation et en terme d'organisation, en particulier par une intégration à l'élaboration du projet, dans la mesure évidemment où celle-ci est souhaitée.

Répercussions

La couverture médiatique a été plutôt réussie avec une dizaine d'articles, un passage radio sur France Bleue Gironde, un reportage aux régionales de France 3 avec interview de Florence Delay, Alain Laborde et Amancio Tenaguillo y Cortázar. Sur Internet, le "vin dans ses oeuvres" a été annoncé sur une vingtaine de sites majeurs en littérature (fabula.org), sciences humaines (revues.org) ou spécialisés vin et agriculture. Un compte-rendu d'Astrid Bouygues est paru dans le n° 20 de la revue Papilles de novembre 2001.
Dans les semaines qui ont suivi le colloque, nous avons répondu à de nombreuses demandes d'information et de documentation, attestant ainsi que "le vin dans ses œuvres" est en train de devenir une référence obligée dans le domaine des imaginaires du vin.
Un partenariat avec le site WineCampus.fr devrait permettre la mise en ligne prochaine des images filmées pendant le colloque.
Certains participants ayant souhaité poursuivre le travail accompli durant ces trois jours, il a été décidé de créer un centre de recherches indépendant. Ainsi est né en septembre 2001 le Centre d'Etudes Pluridisciplinaires Des Imaginaires du VIN (CEPDIVIN), structure associative à vocation scientifique, culturelle et pédagogique dont les statuts et les ressources en ligne sont hébergées sur le site http://www.cepdivin.org/ . Le site présente l'actualité des imaginaires du vin (colloques, publications, expositions…). Il s'agit à terme de constituer une véritable base de données sur les imaginaires du vin à disposition de tous les acteurs scientifiques, culturels et pédagogiques. CEPDIVIN travaille avec le LAPRIL et le CERVIN (université de Bordeaux III) à l'élaboration d'une anthologie critique de la vigne et du vin dans la littérature dont la sortie est prévue pour fin 2003.
CEPDIVIN organisera à Bordeaux, à partir de septembre 2002, un cycle de conférences-dégustations à destination d'un large public.
Il reste le travail important d'édition des actes du colloque qui est pris en charge par l'association. Il se concrétisera par une publication début 2003.

(Ce bilan a fait l'objet d'un article dans la revue Champs Culturels, n° 15, juin 2002.)

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Amancio Tenaguillo y Cortázar,
Docteur en Littérature Générale et Comparée,
Professeur de Lettres Modernes,
Président de CEPDIVIN.


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